doux comme des Agneaux...

C'est avec l'artillerie lourde que nous prenons la route de Villar d'Arêne, Stephane et moi, ce lundi après midi. Bien décidés de mettre à profit cette semaine de congés pour lézarder à l'ombre des couloirs en fleurs. L'idée est d'aller rendre visite aux Agneaux par le Piaget, et à la Grande Ruine par son sulfureux couloir du Diable.
Après un départ poussif en milieu d'après midi, nous poussons tranquillement la porte du refuge d'hiver sur le coup des 19h. Croyant profiter de la quiétude et de l'isolement de cet abri de fortune un soir de semaine, nous tombons nez à nez avec 2 cafistes patibulaires mais presque. Trois autres specimens alpestres sont attablés. Fichtre, nous avons été devancés ! Mais la montagne est assez grande et tout ce petit monde s'éparpillera chacun de son côté le lendemain.
Bref, réveil à 3h du mat (bien trop tard avec le recul) pour aller rejoindre le pied du Piaget après 2h30 d'approche. Stef, qui a eu le bon goût de prendre ses toutes nouvelles chaussures de ski d'occasion Fisher Price, dérouille. La douleur s'atténue dans le couloir, mais la forme n'y est pas. On s'encorde. Quasiment 600m à remonter, avant de déboucher au soleil, sur un chouette fil d'ariane. Reprenant du poil de la bête, Stef prend le relai et se met en tête de nous ouvrir une tranchée jusqu'au sommet. Car la physionomie de la course, une fois sur la calotte, change du tout au tout. Innondée de soleil, sur une neige sans cohésion, obligeant une débauche d'énergie pour une avancée mètre par mètre, je sens le sommet nous échapper. Finalement, après 2h d'un combat acharné, nous perçons la corniche finale. Sommet des Agneaux Blancs, petit dôme 3 places, panorama 3***. Dans l'euphorie, j'en ai oublié la crème solaire. Mue de printemps 3j plus tard, peau toute neuve aujourd'hui. Retour sur terre et descente à négocier... à pieds. Stef me tanne pour mettre les skis dans cette abomination à 45° du glacier supérieur d'Arsine. Je le ramène à la raison, à coup de berceuses et de persuasion. Grand bien nous en aura pris, après qu'il se soit rendu compte que sa fix de ski ne colle pas tout à fait avec celle de sa chaussure. Résultat : déchaussage 1 virage sur 2. Après une infime portion de neige moquette, nous finissons en ski nautique et tubas les dernières brasses qui nous séparent des verts paturages du refuge. Les deux cafistes ont apparemment commis leur forfait et ont mis les voiles. Ils ont eu raison, puisqu'il est déjà 18h !
incompatibilité d'humeur entre Stef et sa chaussure droite,
incompatibilité avec les insectes du 07. Séquelles d'une sortie escalade du we précédent, et de piqures plus sournoises qu'elles en avaient l'air. Après une nuit fort réparatrice, quelques réparations/bidouilles sur les chaussures, nous partons remonter à bloc en direction du refuge du Pavé... avant de se dégonfler comme des ballons de baudruche quelques centaines de mètres plus loin. On jette l'éponge, terrassés par nos pompes. Juste le temps de jeter un oeil à Roche Méane et son couloir. Que nos yeux pour pleurer : le couloir du diable en tenue paroissiale. Du blanc de bas en haut, pas un ïota de glace, quasi un attentat à la pudeur !
Retour à la maison donc, en oubliant tant que possible ses clins d'oeil du malin, et en noyant notre chagrin dans une pinte de lait fraise et un demi-pêche.
Comme pour conjurer le sort, la pluie s'invitera de manière inattendue le lendemain...

quelques photos par là >>>>> http://carnetdaltitude.blogspot.com/

seb, un lait fraise sinon rien

Joli pour ton premier compte rendu, bien raconté avec un bon style. Tu vas te faire un plaisir de décrire nos magnifiques sorties, celle de vendredi avec stéph à la dent de crolles et la découverte de la goulandière samedi.
A+
Domi