Talèfre : côté jardin, côté Courtes

Deux choses à retenir de ce séjour dans le bassin de Talèfre :
1/ le Couvercle fait définitivement partie du haut du panier de l’hotellerie alpine,
2/ les Courtes… c’est long !

Nous sommes dimanche, les jours prochains s’annoncent beaux et chauds. J’ai réussi à sortir le triathlète de sa retraite.
L’accident survenu 3 jours auparavant pose question. Peu d’infos à ce sujet. Il semble d’après le gardien que la cordée ait évolué sous le col de la tour des Courtes tard en matinée. Que faisaient ils à cet endroit à cette heure ? Ils sont partis avec une avalanche.

Les quelques quinze personnes présentent ce dimanche soir au refuge s’éparpillent le lendemain sur :
- le Whymper (2 cordées)
- les Courtes (2 cordées)
- la pointe Isabelle (1 cordée)
- le Moine (3 cordées)
Partageant le dortoir avec un guide et son client parisien, nous nous rangeons à leur horaire de départ, un poil tôt à notre goût (grand bien nous en a pris finalement…)
2h40, nous quittons le refuge. Info pratique : l’accès au glacier depuis celui-ci est un gag. Parsemé de jolis cairns harmonieusement disposés tout du long, nous suivons confiant une petite sente qui s’arrête brutalement au pied d’un infâme raide couloir dégueulasse en terre glaise, sableux et humide. Pas de temps à perdre, on s’enquille dedans. On arrive comme des souillons sur le glacier.
Une fois contourner le jardin de Talèfre, nous filons sur les pentes du col de la Tour des Courtes. Le guide et son client, partis une demi heure plus tot, ré-apparaissent 100m en dessous de nous. Bien mal engagés sous des ressauts rocheux, et semblant à court d’inspiration. On y va, on y va pas ? finalement ils n’iront pas.

Premier contat : regel médiocre et trace parfois pénible sur une neige croutée. Deuxième constat : passées la rébarbative pente d’attaque, la course prend une toute autre dimension, aérienne, légère, céleste. L’arête file d’un seul trait jusqu’au sommet. Elle est en bonnes conditions, et c’est magnifique. Il est 7h30. Nous sommes seuls, déjà rassasiés. Mais ça n’est que le début. La suite est une longue traversée mixte, funanbulesque, ponctuée de 3 gendarmes au nom posant le décor : aiguille croulante, aiguille qui remue… Le dernier se contourne versant Argentière et offre un belle séance de progression « grand frisson » sur des pentes fuyantes en neige transfo abo, à protéger au gré des rares aspérités qu’offre le socle du gendarme. L’exposition NE de l’ensemble de la traversée pose quand même problème, de par son orientation au soleil levant, gage d’une belle soupe incramponnable par des journées aussi chaudes. Le fait que ces pentes soient en fin de traversée n’arrangent rien à l’affaire. Des traces de chamois au dessus du col des cristaux, vers 3600, nous laissent songeurs quant à notre condition de bipède. La descente est du genre usante, avec un bon brassage pour trouver ces vires et ces cairns (deux repérés sur 300m de dénivellée), et le franchissement de deux rimayes pour le prix d’une, histoire de dire : « vous aviez cru vous en sortir comme ça ? ».

13h plus tard : un coca et au lit. (pour info : le topo donne pour 9h…)

Matos à prévoir : crampons, piolet, sangles, coinceurs, bottes de sept lieux.

Bilan des courses et des cordées:
- 0 aux Whymper
- 1 aux Courtes
- 1 à la pointe Isabelle (des espagnols restés branchés sur l’heure d’hiver et le ryhtme madrilène : 15h au sommet, 19h au refuge…)
- Carton plein au Moine

Devant un tel succès sur la Verte (double abandon, mauvaises conditions), nous décidons de laisser tomber le Whymper au profit d’une ecclésisatique, de préférence peu farouche.
Le peu de jus qu’il nous reste suffira le lendemain pour aller rendre visite à la Nonne, aux fréquentations un peu louche puisque planquée entre le Moine et l’Evêque, ses chaperons.

Rien à voir avec la course contre la montre de la veille. Escalade plaisir, quelques belles longueurs sur un excellent rocher, vue imprenable sur la Charpoua et les Drus… et seuls, une fois de plus. Une petite demi heure farniente/paquetage au refuge, et nous amorcons la longue descente de la mer de glace avant que le ciel nous tombe sur la tête, au pied des échelles. Deux averses à peine rafraichissantes plus tard, et nous attrapons l’avant dernier train du Montenvers. Un bien beau week end pour être en montagne, avant la transhumance estivale.

Seb, la France qui se lève tôt (au moins le week end...)

Joli compte rendu, dans un style toujours très agréable à lire, les photos sont encore mieux.
Domi ton réveil matin

Encore moi!!! !j' admire ton CR Seb R;;;;mais quand je lis regel médiocre, pour traverser les courtes .....comment faut il vous dire que la neige pas gelée c' est casse geule....meme pour ceux qui trouve que c' est plus facile, parce qu' on y fait des marches, et quand on sait que la fin de la descente est plein est, et le plus raide de la course.....meme les audacieux matamors n'iraient pas chatouiller ce genre de monstre sauf obligation impérieuse de rentrer chez soi.....mais pas dès le matin !!!!
Cherchez donc, dans les archives du club....et retrouvez ce qu'il est advenu à la collective du cafgo de Yves Crossasso ( encadrant performant en alpinisme )sur la neige chaude de la face ouest de l' arete sud du rateau.....alors que d' autres avaient fait demi- tour.!!!!
Les courses de neige sont sures avec un bon regel ( il n'y a alors que les pointes des crampons qui rentrent...quelque soit le poids et la pointure du génial alpiniste qui se ballade)....et un champ de mines hyperdangereuses avec absence de regel.
Aller, je vous souhaite le meilleur des karma; mais n' en abusez pas!
Daniel vieux schnock qui à la trouille en montagne

daniel a écrit: vieux schnock qui à la trouille en montagne

Daniel , je te rassure, avoir la trouille en montagne est une noble qualité. La peur permet de s'interroger et d'adapter ses prises de décisions et ses stratégies de progression. Après il ne faut pas tomber dans l'inhibition. En tout cas, les aficionados qui brillent par excès de confiance se retrouve souvent à devoir payer le prix d'une gloire posthume. Par bonheur, cela ne me semble pas être le cas dans notre club. Les meilleurs alpinistes seront toujours ceux qui vivent (et pratiquent) longtemps.
A+
Domi

Je ne suis pas de ton avis à propos de ton par bonheur, cela ne semble pas etre le cas dans notre club: je te rappelle qu' il y eu un lourd passé....avec des encadrants "qualifiés";fait moi le compte des courses de cette saison qui ont été réalisées en neige pourrie....parce que c' est plus facile , et ou la mauvaise appréciation des conditions est apparue comme ludique ; quand à l' inhibition, il faut apprendre à voir les conditions comme elles sont et non comme on veut qu' elle soient....parce qu' on est le we et qu' on à décidé ceci ou cela.....Mais ce n' est que mon propre avis et vous faites bien ce que vous voulez.....avec vos ambitions, et vos appréciations....c' est comme pour les cloches de glaces en cascades....quand des pros font demi tour....on peut toujours jouer à tartarin.....Tout les bouquins,tous les spécialistes de neige glace disent qu' une couse de neige est sure par BON regel....et tu n' y changera rien...après tu peux toujours baratiner ce qui te plait....tu te trompes, mais ça te concerne..et ceux que tu trompes avec toi, surtout si tu prétends etre formateur !!!
Daniel

Encore une injection: relis donc les 3 lignes à propos de l' accident survenu 3 jours avant à une cordée qui se " balladait" en fin de matinée sous la tour des courtes.....
Daniel

daniel a écrit:.........l

Ouh ouh, Daniel, j'y était pas à cette course !!!
Mais c'est certain que quand je vois les conditions cela me laisse un peu septique.
Ma remarque sur la peur en montagne s'adressait à toi pour faire remarquer que cela n'avait rien d'anormal et que c'était souvent une bonne conseillère. Une remarque qui se voulait être flatteuse à ton égard.
Après, il me semble que tu t'égare dans l'injonction avec souvent beaucoup d'apriori!
Attention c'est peut être le signe d'une crise de schnoquisme sur-aigüe imminente
Ressaisit toi.
Dans tout les cas, mes copains du club, (on a parfois les mêmes) si quelques fois je m'inquiète pour eux : ils sont libres !
Et parmi cela, je n'en connait pas actuellement qui soient dans le déni de sécurité. Peut être, parfois, leur balance émotionnelle les entraîne un peu plus que d'autres vers l'action plutôt que le renoncement.
Il y a quelques années, j'en ai connu plusieurs de très (trop) fougueux qui y ont tous laissés quelques plumes...
Domi déjà plusieurs crises de schnoquisme à son actif

je crois qu' un forum , c' est fait pour s" exprimer, en toutes cordialités !( nous n' en n' avons certes pas tous la meme notion)
loin de moi l' idée de fixer la bonne pratique, et la bonne façon de penser.Cependant, il subsiste 2 ancrages incontournables liés au "pratiquant" et à la montagne: pourquoi on veut aller en montagne?y chercher quoi; et l' état du "terrain" qui permettra de ramener ( ou pas!!!)cette "gloire" recherchée.
Ensuite une fois ces choix obligatoires admis...ou subit !!!on fait totalement, mais totalemnt, ce qu' on veut ...
meme jouer à la roulette russe sans le savoir ( ex:suivre une trace facile qui passe sous des séracs, se convaincre que l' on saura gérer tel situation....) mes réactions ne visent pas à vous donner (en prétentieux )des conseils, juste à faire remarquer:
- qu' on peut aussi trouver du plaisir à parcourir une surface plus sure ( par rapport à l' avalanche, mais pas par rapport à la glissade!)
- que si on met 50% de plus que le temps moyen du topo, sans raisons objectives....c' est qu' il faut peut etre revoir ses ambitions....mais on peut aussi s' en faire une gloriole !Croyez moi, je tiens trop à la liberté en montagne pour chercher à vous influercer en quoique ce soit dans vos convictions et vos pratiques.Mais il semble qu' il est toujours enrichissant de croiser des points de vue....sans modérations.
Inch allah ....chacun pour soi et dieu pour tous.
Daniel

DomiM a écrit: Les meilleurs alpinistes seront toujours ceux qui vivent (et pratiquent) longtemps.
A+
Domi

Non!!! Pas forcément. C'est possible mais pas toujours. On peut avoir de la malchance. La montagne est aussi parfois indulgente. En tout cas, avec tout les risques que l'on prend, on ne peut pas dire cela. Un des meilleurs alpinistes de tout les temps (il est toujours en vie) a dit : "La montagne n'est ni juste, ni injuste, elle est simplement dangereuse" (R.Messner).

thomas.C a écrit: On peut avoir de la malchance.

C'est bien vrai. La formulation était probablement trop simpliste.
Ce que je voulais dire et que tu sait très bien, c'est que je préfère voir mes amis sur le long terme plutôt que d'être aveuglé par des cométes éphèmères.
Domi qui a déjà pleuré des amis chers