formation alpinisme du 22/11/08

Encore 13 au départ, la météo prévoit du mauvais temps. Sous la pluie, vers 6h30, les reflexions de certains montrent un manque d'enthousiasme évident pour la douche annoncée. L'objectif de la course est donc modifié, le parcours Honegger aux trois pucelles est remplacé par une arête rocheuse en chartreuse, ça évitera d'attendre deux heures dans le mauvais temps pour le rappel de départ.

Avec deux encadrants, quatre coencadrants ou futurs coencadrants plus un participant bien expérimenté ça devrait baigner, justement il ne pleut plus.

La course, après une courte marche d'approche, commence par une vire glissante et exposée donc équipement pour tout le monde, les six cordées sont faciles à organiser. La consigne est simple la corde doit toujours être tendue et dès que le passage est exposé il faut en plus des points de protection.

remarque 1 un passage exposé, comme par exemple une vire audessus d'une barre rocheuse, correspond à un passage ou toute chute est fatale

remarque 2 : corde tendue pour la marche aux anneaux veut dire qu'il n'y a aucun mou sur la corde et que le premier doit enrayer instantanément un déséquilibre du second.

remarque 3 : pour la marche à corde tendue, la corde doit passer au minimum par deux points de protections (coinceur, béquet, arbre ...)

remarque 4 : si la corde passe audessus d'un arbre (pas un arbuste) le point de protection peut être considéré comme sûr, mais la longueur de corde entre vous et ce point de protection correspond à la hauteur de votre chute et pensez aussi à la violence du choc encaissé par l'autre membre de la cordée.

Je constate un peu de cafouillage pour les premières longueurs, les chefs de certaines cordées n'ont pas été assez explicites avec leur second (il y a quelques presque débutants dans le groupe), chaque cordée étant autonome il ne faut pas laisser de matériel derrière soi sinon on se retrouve rapidement à poil.
Le passage se révèle être une succession de vires et de ressauts entre des barres rocheuses, un terrain idéal pour alterner la marche aux anneaux et la marche à corde tendue. Nous atteignons ainsi la crète pour basculer ensuite sur l'autre face de la montage et nous prenons alors un chemin bien tracé en face ouest qui conduit à l'arête qui nous intéresse.

remarque 5 : l'idéal pour la marche aux anneaux est d'avoir en main le minimum d'anneaux, plus on en a et plus c'est long et difficile à manipuler

remarque 6 : pour adapter la longueur de corde aux difficultés et à la distance entre les points de protections on utilise les anneaux de buste.

La remarque d'un participant est "on ne peut pas passer son temps à faire et défaire les anneaux de buste". Là je suis d'accord si une technique de protection demande trop d'efforts elle n'est pas appliquée. donc pour ce type de progression dans un terrain varié il faut un peu de jugeote et surtout il faut anticiper.

remarque 7 : Lorsque qu'on est sur un terrain qui est très variable on peut avoir beaucoup d'anneaux à la main en sachant que c'est seulement pour un court instant et qu'on repassera rapidement en corde tendue.

remarque 8 : Au contraire lorsqu'on aborde une portion de l'itinéraire qui s'annonce monotone pour un long moment, on adapte sa longueur de corde avec les anneaux de buste.

C'est je pense, par manque d'anticipation ou en essayant d'appliquer à la lettre une technique enseignée que certains participants ont fait et défait des anneaux de buste pour conserver seulement deux anneaux à la main dans le terrain varié et que d'autres ou les mêmes se sont retrouvés plus tard sur un chemin bien tracé avec beaucoup d'anneaux dans la main (>10) pendant une longue marche (>1h30).

remarque 9 : pour se protéger en montagne, il faut ANTICIPER :
1 : analyser en permanence les dangers que l'on va rencontrer
2 : choisir des moyens de protections adaptés

remarque 10 : le montagnard, les techniques qu'il maitrise et le milieu formant un ensemble particulièrement flou, surtout par temps de brouillard, il n'y a donc aucune réponse absolue en matière de protection, il faut donc choisir la moins mauvaise solution en fonction de son analyse de la situation et de ses compétences.

L'arête est recouverte par une fine couche de neige tombée au court de la nuit. La difficulté monte donc d'un niveau on n'est pas loin de l'AD, ça devient intéressant, il va falloir faire attention.
Les débuts sont laborieux, pour que les six cordées prennent le départ il faut un long moment. Le rocher est glissant mais les prises de main et de pied sont franches et nombreuses et en plus les lunules abondent. Il faut choisir soit se geler les doigts soit grimper avec des gants et perdre ce contact avec le rocher qui fait tout le charme de la grimpe. Heureusement le temps se dégage et le soleil se montre entre les nuages. Au début les cordées se suivent sagement, mais après deux longueurs certaines décident que c'est trop lent pour elles, rapidement elles entreprennent de doubler. C'est comme ça qu'on se retrouve avec 3 cordes qui s'entrecroisent sur une même longueur. Heureusement la première cordée a pris le large tandis que les deux dernières se tiennent sagement en dehors de la compétition préférant adapter leur itinéraire pour trouver des passsages intéressants. Le résultat est longtemps incertain car chaque fois que le moins expérimenté passe en tête la cordée subit un brusque ralentissement, ce qui permet aux autres de les ratrapper. Enfin ça se décante mais nous sommes déjà quasiment arrivés au sommet, il ne reste que quelques longueurs qui sont vite franchies. Les participants se sont adaptés aux conditions particulières de l'escalade hivernale et commencent à se faire plaisir en cherchant des passages un peu plus difficiles.

Déjeuner rapide sur la crète à l'abri du vent vers 14h, malgré le soleil le froid est vif, les cordes gèlent.

Nous suivont l'arête un moment pour rejoindre un couloir en face est, la desccente est glissante et exposée par endroit, c'est l'occasion de poser des mains courantes en utilisant les cordées. Le premier s'engage dans le passage en étant assuré du haut et il pose des points de protection. la seconde cordée utilise alors la première corde comme main courante et s'installe en desssous pour prolonger la main courante. Les quatre autres cordées franchissent le passage exposé dans les barres rocheuses en utilisant la main courante ainsi posée. Tout se déroule relativement rapidement et dans de bonnes conditions de sécurité. Mais il reste quand même plusieurs points à améliorer.

remarque 11 : si on doit rester arrêté pendant un long moment il est préférable de se trouver une place où on peut s'installer confortablement, plustôt que de rester debout à un endroit et géner le passage de toutes les cordées.

remarque 12 : concernant la pose des mains courantes, il est préférable que le premier utilisateur fasse des noeuds à chaque point de protection, ce qui va permettre d'utiliser la main courante avec un encordement court (plusieurs personnes en même temps sur la main courante) et donc permettre de gagner du temps. Il faut par conséquent que le dernier utilisateur de la main courante défasse ces noeuds pour que le dernier à passer puisse être assuré avec la corde qui a servi de main courante.

J'avais prévu une séance de formation pour réviser quelques points techniques mais la descente nous ayant pris pas mal de temps nous avons bien fait de repousser cette formation à une autre cession. La descente dans des passages délicats de nuit aurait certainement pris beaucoup plus de temps et aurait pu se révéler un peu scabreuse.

Départ au lever du jour et retour à la tombée de la nuit, la journée a été bien remplie.