formation alpinisme du 31/01/09

un peu de mixte ?

Un des couloirs des Mouchillon (histoire de taper dans le AD après 2 sorties promenades ) ou du côté des Grands Moulins (couloirs E, NW, arête,...).

Nous sommes 8 (dont un skieur) sur le parking à 5h ce matin pour un départ vers le couloir NE du mouchillon.

Certains participants ont préparé la course et lu le BRA, conclusion ils se posent quelques questions au moment du départ. Le BRA annonce, dans les pentes à l'ombre au dessus de 2000m ,des plaques instables qui peuvent être déclenchées par un seul skieur et qui peuvent entrainer le manteau neigeux sur plus de 60cm d'épaisseur hors la course est précisemment dans un couloir NE au dessus de 2000m et qui doit être bien chargé surtout vers la sortie. Le risque est donc élevé et une avalanche de cette importance dans un couloir étroit se traduirait probablement par une profondeur d'enfouissement trop importante en bas du couloir.

remarque 1 : le temps nécessaire au dégagement d'une victime prise sous une avalanche croît trés vite avec la pronfondeur. La recherche et le dégagement de la victime ne doivent pas excéder 15 minutes, c'est quasiment impossible à tenir s'il faut creuser plus d'un mètre pour atteindre la personne.

Nous décidons donc d'éviter les ennuis et de nous rabattre sur le pas de la rousse en chartreuse: une pente orientée EST, exposée au soleil et en dessous de 2000m. Le risque annoncé par le BRA dans ces conditions est de 2, avec quelques précautions c'est jouable.

Deux participants prennent en main l'orientation pour conduire le groupe au pied du pas de la rousse en partant des Prés (sainte marie du mont). Aprés une trace directe dans la forêt, un sentier, la route du pré Orcel nous remontons vers le nord le sentier en balcon qui longe les falaises. Arrivés sous le pilier sud qui borde le pas de la rousse nous quittons le sentier, nous rejoignons directement le pied de la falaise et nous profitons d'un replat pour nous équiper.

Voyant au dessus d'eux un magnifique couloir les premiers commencent à faire la trace, sans penser à se renseigner auprès de ceux qui ont déjà pris ce pas (nous sommes deux à savoir que le départ du pas de la rousse n'est pas un couloir mais un cirque qu'on aborde du coté sud). La neige est bonne et le couloir intéressant, je laisse faire, mais ne sachant pas si le couloir débouche je me fixe un horaire: 14h pour faire demi tour et j'essaye de repérer les amarrages possibles pour la pose des rappels.

Au bout de 80m à 40° le couloir se divise en deux, les grimpeurs de tête choisissent la branche de gauche (en montant) à l'ombre avec un petit ressaut. Le passage ce révèle plus délicat que prévu, après plusieurs essais infructueux le grimpeur de tête pose un piton et force le passage pour découvrir qu'il est parti pour escalader la paroi sud du couloir. La retraite s'impose, pendant qu'il pose un rappel sur un sapin les autres participants redescendent pour prendre l'autre branche du Y. Ce coté n'est déjà plus au soleil, la pente se redresse encore avec un court passage en glace à 50°. Tout le monde passe sans problème, la formation glace trois semaines auparavant a porté ses fruits. Le couloir continue avec des pentes à 45° pour arriver à mi couloir sous un énorme bloc coincé qui fait un surplomb, heureusement que la neige accumulée permet d'atteindre le bas du bloc, avec un arbre en travers, des parois verticales et de la glace, ce passage promet. Il faut s'engager entre la paroi et le bloc puis se glisser sous l'arbre pour passer. Le premier pose un relais sur coinceur sous le bloc puis un point sur le tronc pour protéger le passage. Il abandonne son sac à dos pour se glisser entre le tronc et le bloc, il réussit à s'extraire après quelques contorsions, un bon 4+ grâce aux coulures de glace qui offrent quelques prises pour les crampons et les piolets. Le deuxième passe en tirant son sac derrière lui, avec les skis le sac coince de partout. Pour les suivants le passage demande bien des efforts. A la fin je me retrouve avec le sac qui a été abandonné, avec les batons qui dépassent de 50 cm, les raquettes et la pelle ce n'est plus un sac c'est un hérisson, attaché à la corde et hissé du haut le faire passer dans la chatière relève de l'exploit.

remarque 2 : l'attente au relais est parfois longue et on a donc tendance à décompresser, si on ne veut pas perdre de temps il faut cependant rester attentif pour se préparer au départ avant que son tour arrive (assurage par le premier, départ du second de la cordée précédente ...). On constate encore beaucoup de temps perdu aux relais qui aurait pu être économisé facilement avec un peu d'anticipation.

Les 200 derniers mètres à 45° de couloir ne présentent pas de difficultés majeures. Nous arrivons au sommet vers 14h pour un déjeuner rapide.

Pour le retour, nous décidons de rejoindre le col de l'alpe par les crêtes. Nous tombons sur une faille d'environ 4 mètres de large et 20 mètres de profondeur qui traverse tout le plateau sommital. Nous ressortons les cordes pour une progression sur "glacier" en pleine chartreuse. Comme nous avons gardé nos baudriers l'équipement est rapide. Le skieur passe le premier sur un pont de neige en étant assuré à 15 mètres corde tendue. La longueur d'encordement est ensuite passée à 30 mètres pour avoir 15 mètres de chaque côté. La corde est alors utilisée en téléphérique par tous les autres participants.

remarque 3 : le pont de neige vu son épaisseur paraissait suffisamment solide pour résister au passage. Mais si le doute avait été plus grand, il aurait fallu poser des corps morts pour assurer le téléphérique et traverser le pont de neige en rampant pour répartir la charge au maximum.

Nous ne rencontrons pas d'autres difficultés pour rejoindre le pas de l'alpe. La descente ne présente aucune difficulté, mais la traversée au dessus des barres rocheuses est exposée surtout en raquettes et sans piolet pour enrayer une chute. Tout le monde passe sans prendre le temps de mettre les crampons et de prendre le piolet. Nous avons pris plus de risque dans ce passage que pendant tout le reste de la course.

remarque 4 : de nombreux accidents ont lieu à la descente, dans des zones pas très difficiles mais fortement exposées, par manque de protections. Personne n'est à l'abri d'un faux pas. Malgré la fatigue il ne faut rester vigilant et ne pas se relâcher.

remarque 5 : une glissade en raquettes ne peut être enrayée, elle se termine au bas de la pente.

retour à la voiture vers 17h, après un joli couloir en mixte que nous coterons AD+ dans le pilier sud bordant le pas de la rousse

Quelques photos dans la Galerie

Avez vous eu l' occasion de faire une bise dans le cou d' une russe rousse ( à faire prononcer par un espagnol )
A+ Daniel