formation alpinisme du 25/04/09

4h du matin au parking du gleysin.
Nous sommes 7 dont deux encadrants prêts à partir pour escalader le couloir SW des grandes lanches (AD, 600m à 45° avec un ressaut au premier tiers).

remarque 1 : la longueur et la difficulté des courses qui sont maintenant au programme permettent de mettre en application ce qui a été vu tout au long de l'automne et de l'hiver

remerciement : bravo à celui qui est venu à 3h apporter le matériel promis malgré son désistement du à un problème au pied

la marche d'approche à la lumière des frontales s'est faite dans les temps, à 7 h les trois cordées sont équipées au pied du couloir, la neige est excellente avec un bon regel

remarque 2 : l'approche de nuit doit permettre au groupe de se reposer, pour cela celui qui marche en tête doit avoir un rythme lent et régulier et éviter les arrêts. La tache est bien plus difficile qu'il n'y parait car il faut en même temps ne pas perdre le fil de l'itinéraire.

La première cordée est autonome, la deuxième cordée comprend l'autre encadrant, je m'intercale pour surveiller la dernière cordée qui comprend un nouveau qui vient d'arriver au club. Je constate rapidement que la dernière cordée se débrouille pas mal, après quelques conseils sur l'assurage et le cramponnage je prend un peu d'avance sur eux tout en ne les perdant pas de vue.

remarque 3 : pour tenir la distance dans des couloirs aussi long il faut adopter un rythme lent et régulier

remarque 4 : à moins d'avoir des jarrets d'acier comme la première cordée il est préférable d'éviter de tout monter en pointe avant. La technique classique de cramponnage, surtout quand la neige se laisse entailler par un bon coup de pied, permet de conserver un appui sous les talons ce qui soulage fortement les mollets.Pour éviter la monotonie et les crampes il est aussi possible d'alterner un pied de travers et un pied en pointes avant

remarque 5 : pour ceux qui utilisent des piolets droits classiques, la meilleure sécurité pour vous même et pour retenir une chute du second, c'est d'enfoncer le plus possible le manche de votre piolet dans la neige dure. Les suivants peuvent profiter des trous ainsi faits et il est généralement possible de se faire remplacer lorsque les épaules commencent à protester

Le premier tiers du couloir est franchi facilement, je leur rappelle seulement qu'ils doivent permuter en tête de cordée. Le ressaut bien enneigé se réduit à un surplomb qui fait 1.5m de hauteur, avec un planté de piolet au-dessus, un graton sur la droite et pour finir une bonne traction le passage est vite franchi. Le couloir reprend, il semble sans fin. Alors que je donnais un coup d'oeil sur la dernière cordée, un choc au genou m'arrache un cri de douleur (d'aucuns, certainement des marseillais prétendent que ce fut un hurlement) je viens de rencontrer un bloc de glace ce qui s'est traduit uniquement par un bel hématome.

remarque 6 : les cordées avançant à des vitesses différentes sont maintenant trop espacées. Il faut rester suffisamment groupés pour que les blocs détachés par les premiers ne prennent pas trop de vitesse avant d'atteindre les derniers

La montée continue (taper des pieds, planté du piolet et on recommence). Soudain je vois une belle plaque de glace devant moi, chouette de quoi rompre la monotonie, je plante le piolet décollant une écaille, je la rattrape et la glisse entre la neige et le rocher en pensant à la cordée du dessous. Je contourne donc la plaque de glace avec regrets lorsque je remarque les impacts dans la glace, voila d'où vient le bloc qui m'a heurté, la première cordée n'a pas pu résister à la tentation.

remarque 7 : en permanence il faut penser aux dangers qu'on peut courir mais aussi aux dangers que l'on fait courir aux autres (chutes de pierres, de glace, d'objets ...).

Nous sortons finalement sans autre incident au sommet des grandes lanches. Je vais explorer l'arête coté sud pour trouver un couloir en face est pour la descente. L'autre encadrant se charge de la partie nord de l'arête. De mon coté les deux premiers cols demandent une descente en rappel avant d'atteindre la neige. Je retourne au sommet, le second encadrant a été plus chanceux . Il installe une main courante pour le passage de l'arête qui est très exposée et en rocher bien pourri du belledonne pur jus. Connaissant le dernier à passer et qui devra déséquiper, je rajoute des points aux passages délicats. Laissées à elles mêmes au sommet, les deux cordées mettent un temps énorme (1h) à se préparer avant de s'engager. Nous installons une deuxième main courante pour désescalader le versant ouest de l'arête puis nous rejoingnons un col par une traversée en neige. La pente coté Est est très raide et la neige de ce coté est profonde et complètement transformée, je fais la trace en restant au plus près des rochers et en évitant les couloirs. La première cordée passe sans encombre et va se mettre à l'abri derrière un énorme rocher plus bas dans la pente. La seconde est engagée dans une traversée au dessus d'un couloir lorsque le dernier de la cordée chute, heureusement il ne creuse qu'une magnifique baignoire. La descente reprend la dernière cordée avec le second encadrant ferme la marche. Nous nous regroupons tous sous le rocher et décidons de sortir de ces grandes pentes au plus vite en nous dirigeant vers le lac supérieur (lacs morétan). Pour traverser les couloirs d'avalanche les cordées sont espacées de 100m. Nous rejoignons les zones abritées pour le déjeuner et faire le point au sujet de l'itinéraire de secours il est déjà 13h30.

Le retour prévu par le col du pertuis nous parait trop risqué, le couloir a du prendre le soleil et l'idée d'une coulée dans un couloir de 800m à 40 45° n'a rien d'engageant. Le col du Vey semble plus tranquille 300m nettement moins pentus mais il faut remonter la combe sur 200m dans une neige lourde et profonde. Nous optons finalement pour un itinéraire plus sur mais bien plus long qui nous fait contourner toute la montagne par le nord.

La descente en raquette se passe aisément jusqu'au barrage de l'étang de périoule où nous quittons les raquettes faute de neige. La descente se poursuit dans la forêt , au point 1300m nous rejoignons le GR qui doit nous ramener au gleysin. Là nous réalisons qu'il y a 450m à remonter pour passer de l'autre coté de la crête avec un chemin enneigé en face nord est. Ca ne va pas être une partie de plaisir et la nuit sera là avant que nous n'en ayons fini.
Lorsque j'ai fais le point, j'ai vu l'embranchement à 1300m et la remontée de 1700 à 1750m de l'autre coté de la pliure de la carte mais je n'ai pas fais le rapprochement entre les deux . Serait ce la fatigue (levé à 2h), ou l'inconscient qui voulait éviter les grandes pentes ? Le sachant nous aurions certainement choisi un itinéraire plus court par le col du vey.
La montée dans la neige sur un chemin forestier est longue harassante et fastidieuse. L'arrivée sur la crête est un soulagement, mais de courte durée car le chemin de retour est encore long et ne pas s'égarer dans la forêt enneigée demande beaucoup d'attention. Nous arrivons avant la nuit au chalet de l'aup bernard plus que 475m a descendre dans la forêt pour rejoindre le gleyzin. L'optimisme remonte dans le groupe. La nuit nous rattrape dès le début de la descente, jusqu'au bout l'attention ne doit pas se relâcher. Nous arrivons aux voitures à 22h.

Une superbe course, le groupe a montré qu'il maitrise les couloirs de cette difficulté même si certains manquent de souffle. La traversée de l'arête quand à elle montre qu'il y a encore beaucoup trop de temps perdu aux relais et que les actions ne sont pas anticipées. Dans les pentes à risques les consignes de sécurité ont été bien respectées. Et pour finir tous ont fait preuve d'endurance et de volonté pour les 15km du retour.

Finalement en 18h nous n'avons fait que 2000m de dénivelé

avec ce gros enneigement résiduel, je me demande si les skis légers ne seraient pas plus adaptés à la progression.....en tout cas, les chaussures de skis ne perturbent pas le cramponnage, en soulageant bien les mollets ...meme en glace raide.
Beau voyage....bravo
A+ Daniel

on s'est demandé avec Isa s'il n'y avait pas une malédiction du côté du Gleyzin!!
En tous cas bravo pour votre endurance sur ce coup là;

CR comme d'habitude très instructif (la marteau thérapie ça doit servir). En effet, il ne suffit pas d'aller vite dans une sortie de groupe il faut aussi penser aux autres cordées et aux dangers que l'on peut leur faire courir. Il y a l'esprit de cordée mais aussi la cohésion de groupe. En montagne tout est un tout et tout se travaille.
Et heureusement qu'aujourd'hui c'était dimanche pour récupérer avant de reprendre le travail. Quoique parfois et pour certains la semaine permet de se reposer du WE
NB : après les cascades de l'Oule début janvier, le Gleyzin : le retour.

penses tu à quelque chose en particulier Isa quand tu parles de l'esprit de cordée......

Bravo JL, belle course pour tester l'endurance. J'espère que ta rencontre avec le glaçon ne te laissera pas un trop gros hématome.
A+
DOmi

a propos d' hémathome...en montagne, surtout dans un couloir...l' enfer et le danger c' est les autres...j' en connais qui ne font que des premières pour etre dans un environnement maitrisable...ce qui n' est pas le cas quand on est plus d'une cordée.... ou bien il faut se promener sur des arètes.
A+ Daniel

Y'vont être bon pour le Marinelli !

Bravo au groupe ! Les sorties commencent à envoyer du gros ! C'est bien et cela risque de motiver les couloireux que nous sommes !